La tourmaline

La Belgique marque un retard certain par rapport à ses voisins pour l'intérêt que devrait susciter chez les Bijoutiers et Gemmologistes cette gamme merveilleuse. En effet, aucune pierre gemme digne de ce nom ne présente une gamme aussi variée que la TOURMALINE.
 
Chimiquement, c'est un borosilicate d'alumine fort complexe et, de ce fait, la formule chimique l'est également. Retenons simplement qu'elle pourrait s'inscrire comme cela : M'20 [S|60|8]2. Le M' désignant les divers métaux composant les diverses tourmalines, tels que le Na - Ca - Li - Mg - ...

La coloration :
Toutes les couleurs sont possibles, mais toujours un peu fausses. C'est ainsi que la tourmaline incolore est appelée ACHROÏTE.
La RUBELLITE pour le roseet le rouge - La DRAVITE pour le jaune et marron - La VERDELITE pour les différentes nuances de verts - L'INDICOLITE pour les bleues - La SIBERITE pour le rose-lilas - La SCHORL pour les tourmalines noires.
 
Son système cristallin est le rhomboèdre-hémimorphique, il est optiquement uniaxe négatif, donc bien entendu anisotrope et ses deux indices de réfraction varient entre 1,62 et 1,64. Le dichroïsme est très net. Au filtre "Chelsea", la variété verte reste verte, sauf si elle est chromifère, dans ce cas elle apparaîtra rose. Aux U.V., la réaction est nulle. Sa densité est de 3 à 3,32, ce qui la différencie facilement de la topaze (P.S. =3,58). La dureté est de 7 à 7,5 à l'échelle de "Mohs". Sa résistance aux chocs est bonne, ainsi qu'aux acides et un peu moins à la chaleur. Les cassures sont conchoïdales et son clivage difficile.

La taille de la Tourmaline :
La taille de la tourmaline peut se faire de toutes les façons, mais l'effet "œil de chat" obtenu dans la taille cabochon ne se trouve principalement que dans les variétés bleues-vertes et roses, et provient d'un amoncellement de tubes de croissance ou canaux parallèles à l'axe "C" du cristal. Cet effet d'astérisme à une branche peut également provenir d'une multitude d'inclusions aciculaires.

La Tourmaline peut également être pyro- et piézo-électrique. Pyroélectrique : elle développe une charge électrique lorsqu'elle est légèrement chauffée. L'une extrémité de l'axe "C" devient (+) et l'autre (-). Piézo-électrique : elle développe une charge électrique lorsqu'on la soumet à des contraintes suivant certaines directions (Payette, 2ème édition).

Les inclusions :
Les canaux de structures très fins et remplis de fluides, qu'on appelle généralement de la TRICHITE, sont des inclusions très communes de la TOURMALINE.
Cette trichite définie par le "Grand Larousse"comme étant une fibre minérale monocristalline possédant des propriétés mécanique exceptionnelles. Ces inclusions de trichite peuvent contenir des biphases-triphases ou multiphases. Ces lacunes de croissances feront l'objet de quelques microphotographies qui suivront ce petit résumé, certes très incomplet étant donné le manque de place.
 
Voici la liste des principales inclusions de la Tourmaline :
TRICHITE : cheveux très fins et principalement biphasée (eau + CO2). 2 liquides non-miscibles (eau + CO2 liquide).
APATITE : dans la tourmaline brésilienne.
MUSCOVITE : mica blanc (Minas Gerais).
GRAPHITE : dans les tourmalines africaines.
MONAZITE : minerai des Lanthanides, mais contenant un peu de Thorium radioactif, dans les tourmalines californiennes.
PYRITE : tourmaline jaune de Tanzanie.
QUARTZ : dans les tourmalines des U.S.A., l'état du Maine.
AMPHIBOLE : fibres en arrangement parallèles provoquant le chatoiement dans certaines tourmalines du Brésil.
A noter pour finir que la tourmaline fait également l'objet de certains chipotages, et le colmatage en est un. Le colmatage de certaines tourmalines à effet "œil de chat" se fait par remplissage des tubes de croissance par une substance à base de résine synthétique. Ce procédé rend les tubes de croissance moins visibles; si ce n'est que l'on voit facilement au microscope, les bulles de gaz prisonnières dans cette glue de remplissage des dits canaux.
 
Jean De Waele
(vice président de la Société Belge de Gemmologie (en 1998 ndlr)